La (presque) grande évasion by Marine Carteron

Auteur:Marine Carteron
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Éditions du Rouergue
Publié: 2021-08-23T00:00:00+00:00

18. l’aveu

– Regardez l’état de mon bouquin de maths, les pages sont toutes collées !

Il faisait nuit ; on avait quitté les écluses depuis des heures, dressé la tente (presque) correctement dans une jolie clairière à quelques pas du canal, mais Malo ne décolérait toujours pas.

Assis en tailleur à côté du feu de camp, notre pote agitait alternativement ses bouquins au-dessus des flammes pour les faire sécher, non sans nous faire part de ses nombreux griefs. Le pire, c’est qu’on pouvait difficilement lui en vouloir vu qu’on avait merdé dans les grandes largeurs.

Si le passage des deux premières écluses d’Artaix s’était bien déroulé, le franchissement de la dernière avait viré à la catastrophe à cause d’un enchaînement malheureux. Jason avait pris la confiance et se prenait pour un vrai marinier tandis que moi, obnubilée par ma mère, j’avais négligé de surveiller ce qu’il faisait.

Quand les portes se sont refermées derrière nous et que l’eau a commencé à s’écouler, c’était trop tard.

Les amarres qui auraient dû nous permettre de glisser en sécurité au bas de l’écluse (un dénivelé de sept mètres, excusez du peu…) se sont rapidement emmêlées avant de finir par se coincer totalement.

Comme le niveau continuait à descendre, une écluse ne s’arrête pas d’un coup de baguette magique, le canot s’est mis à pencher dangereusement et on a dû grimper fissa sur le quai avant de se retrouver au fond de l’écluse. Dans la panique qui a suivi, une partie de nos affaires est passée à l’eau et, si on en a récupéré la majorité, la plupart étaient trempées tandis que le reste avait disparu à tout jamais dans les eaux sombres du canal…

– Et comment on va faire pour les visios maintenant ? a demandé Malo en extrayant son portable de la casserole pleine de riz (sec, pas cuit, on n’est pas couillons à ce point) où il l’avait enfoui dans l’espoir de le déshumidifier. Parce qu’entre celui de Bonnie qui communique avec les brochets, et le mien qui ne redémarre toujours pas, on n’a plus que celui de Jason ! Un écran pour trois !

– Tu n’auras qu’à faire tes visios avec Jason, lui ai-je proposé pour le calmer.

– Et toi ? a demandé Jason.

J’ai haussé les épaules.

– Moi, je suis censée être cas contact alors ça m’étonnerait que les profs s’inquiètent de mon absence. En plus, je ne sais pas si vous avez remarqué mais il manquait un tiers de la classe à la visio d’anglais, alors une de plus, une de moins…

– Bon, problème réglé, a acquiescé Jason en tirant des fringues pas trop humides de son sac. On se prépare ? Ça va bientôt être l’heure.

Malo m’a regardée en grimaçant, mais n’a pas relevé. Vu que Jason nous avait bassinés avec sa « fête de malade » tout le trajet, difficile de ne pas savoir à quoi il faisait allusion.

– Je vous conseille de faire comme moi et de vous habiller chaudement, ils annoncent des températures négatives c’te nuit.

– Raison de plus pour rester au chaud autour du feu, a rebondi Malo qui n’avait pas du tout envie de bouger.

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